Une étude récente du Laboratoire de l’abeille et des insectes sociaux de l’Université de Sussex (Brighton, Grande Bretagne), s’intéresse aux préférences alimentaires de l’abeille à miel, dans le Sussex, région côtière de la Grande Bretagne située au Sud du Grand Londres.
La question à laquelle les chercheurs ont souhaité répondre était la suivante : dans nos paysages fractionnés, morcelés, quelles sont les parcelles de territoires qui recèlent, pour les abeilles à miel, les plus grands trésors, qui permettent au mieux à leurs colonies de survivre ?
- Le choix de la zone d’étude
Les abeilles à miel exploitent leur environnement floral sur 10 km à la ronde à partir de leur nid ou de leur ruche, ce qui correspond à peu près à une aire d’une surface de 100 km² : le Sussex couvrant une centaine de kilomètres carrés.
Le Sussex est une région par ailleurs hétérogène du point de vue des paysages et des modes de gestion. S’y côtoient zones urbaines, zones agricoles sans aucune mesure de préservation de l’environnement, zones agricoles développées selon 5 critères croissants de protection de l’environnement, et 2 réserves naturelles (réserve naturelle de Castle Hill, et réserve locale de Ditchling Beacon).
Les chercheurs ont étudié 3 colonies d’abeilles à miel (Apis mellifera), dont les ruches étaient situées à l’intérieur de cette région.
Comment savoir dans quelles parcelles de ce territoire morcelé se rendent les butineuses de ces trois ruches pour récolter le nectar et le pollen ? Comment savoir quelle parcelle de ce territoire elles apprécient le plus ? Il suffit de poser la question aux abeilles !
C’est exactement ce que les chercheurs ont fait ! Sur 2 ans, ils ont déchiffré 5484 danses frétillantes, ces danses qui permettent aux abeilles de se communiquer entre elles les meilleurs sites pour se nourrir. L’interprétation de ces danses a permis d’établir une carte précise des zones les plus visitées par les butineuses !!

La danse des abeilles
- les aires urbaines et les aires agricoles et rurales qui ne prennent pas en compte le critère de respect de l’environnement étaient peu visitées ;
- les aires les plus visitées par les butineuses de ces trois ruches sont d’abord les deux réserves naturelles, puis les zones agricoles développées selon les critères les plus élevés de protection de leur environnement.
Les réserves naturelles sont connues pour leur abondance en fleurs sauvages.
Plus qu’un comportement des abeilles à miel, la danse frétillante, est aussi un instrument important, au service de l’écologie et de la préservation de l’environnement. Elle fournit une information exceptionnelle, qui pourrait aider à évaluer la qualité des paysages, et guider les actions en faveur de la biodiversité.
- Retrouvez l’étude complète
Ecology : Dancing Bees Communicate a Foraging Preference for Rural Lands in High-Level Agri-Environment Schemes
Margaret J. COUVILLON, Roger SCHÜRCH & Francis L. W. RATNIEKS
in : Current Biology, Volume 24 (11) 2 June 2014 : pp. 1212-1215