LE COUT DES ESPECES INVASIVES

Posté par Paul-Robert TAKACS le 30 octobre 2015

Le commissariat général au développement durable a publié courant septembre 2015 sa première enquête nationale sur l’analyse économique des espèces exotiques envahissantes, aussi appelées par convention espèces invasives, animales et végétales en France. Elle couvre la période 2009-2013 pour la métropole et l’outre-mer.

Le coût est estimé à 38 millions d’euros / an, répartis à part équivalente moitié entre les dommages provoqués (économiques, sanitaires ou sur la biodiversité) et les frais générés par la gestion de ces espèces. La moitié de ces dépenses concernent 3 territoires d’outre-mer (Réunion, Nouvelle-Calédonie et Terres australes).

Le coût a progressé entre 2009 et 2013, principalement en raison du moustique tigre. Il a vraisemblablement continué à augmenter, du fait de l’extension de certaines espèces sur le territoire national comme par exemple le frelon asiatique. Sur les près de 600 espèces exotiques envahissantes recensées, le moustique tigre a lui seul représente 40% des dépenses métropole et outre-mer confondus.

Si l’on s’intéresse uniquement à la métropole et aux espèces ayant un impact plus ou moins direct sur les végétaux, les principaux problèmes cités sont :
- les jussies et élodées, pour 1,5 millions d’euros,
- le ragondin et le rat musqué, pour 0,76 million d’euros,
- les renouées (du Japon, de Sakhaline), pour 0.2 million d’euros
- l’ambroisie, pour 0,17 million d’euros.

suppression mécanique d'élodée dans une pièce d'eau artificielle - photo Paul-Robert TAKACS

suppression mécanique d’élodée dans une pièce d’eau artificielle – photo Paul-Robert TAKACS

Spécifiquement pour l’Ile-de-France, le coût estimé serait de 109 000 euros dont 95% pour l’écureuil de Corée et les renouées.

Ces données nationales paraissent sous évaluées au regard de l’estimation faite par l’étude d’impact du règlement européen 1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, et chiffrant à 12 milliards d’euros par an le coût pour l’ensemble des Etats Membres.

Cette étude estime également à 1500 le nombre d’espèces exotiques envahissantes sur le territoire de l’Union Européenne, avec en moyenne 8 nouvelles introductions par an.

Pour consulter l’intégralité du rapport : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED130.pdf

source : Lettre actualités phyto Île-de-France N°70 octobre 2015

 

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Des plantes de nos régions devenues invasives ailleurs

Posté par Paul-Robert TAKACS le 31 décembre 2014

On est coutumier de ce que des plantes exogènes, introduites dans nos régions pour diverses raisons, volontairement ou pas, soient devenues invasives, à différents degrés : Élodée du Canada, Renouée du Japon, Phytolaque d’Amérique…

Il ne le faudrait pas, mais on peut être surpris du phénomène symétrique, où des plantes de nos régions sont devenues invasives dans des contrées où elles ont été introduites. C’est par exemple le cas de :

  • Verbascum thapsus, le Bouillon-blanc.

Verbascumn thapsus

Originaire d’Europe – Afrique – Asie, l’espèce est répertoriée parmi les plantes invasives les plus offensives dans de nombreuses régions du monde où elle a été introduite : Amérique du Nord et du Sud (Chili, Argentine) ; Réunion ; Japon, Asie tropicale ; Australie, Nouvelle-Zélande, Hawaï… En Amérique du Nord, l’espèce a été introduite dès les années 1700 comme bonne à tout faire : médicinale (remède pulmonaire contre la toux, des difficultés respiratoires…), insecticide (action contre larves de moustique), et même piscicide (pêche).

  • Lythrum salicaria, la Salicaire

Elle a été introduite au Canada au début du 19e siècle. Elle se serait retrouvée dans les eaux de lest des navires étrangers ou encore dans le fourrage ou la litière de bétail importé. Dès les années 1830, elle pouvait être observée le long de la côte est des États-Unis. Elle s’est ensuite répandue vers l’intérieur du continent avec la construction des voies ferrées, des grandes routes, des voies maritimes et des réseaux d’évacuation et de drainage. Plus récemment, la distribution de l’espèce par les centres horticoles a également contribué à sa dissémination (source : http://www.nature-action.qc.ca/site/sites/default/files/documents/salicaire_pourpre.pdf).

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la Renouée du Japon (Fallopia japonica) : plante invasive = indésirable

Posté par Paul-Robert TAKACS le 4 mars 2014

la Renouée du Japon : plante invasive

la Renouée du Japon : plante invasive

La Renouée du Japon / Fallopia japonica, originaire d’Asie orientale, est une plante invasive très préoccupante en France et plus largement dans les régions tempérées (Europe, Amérique…), où elle est connue et reconnue parmi les 100 plantes les plus préoccupantes par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.

Très vigoureuse, d’une croissance très rapide, elle progresse par tache et en profondeur grâce au fonctionnement de son rhizome, connu pour pouvoir descendre jusqu’à 3 voire 5 m de profondeur. Très exclusive, elle s’accapare la tache de végétation, notamment par la densité de son rhizome ; elle est ensuite très difficile à éliminer : la tentation d’utiliser des produits chimiques sera grande mais s’avérerait inefficace.

Du point de vue réglementaire, il n’existe pas, en France, d’interdiction nationale de la cultiver, planter… Il n’y a que des arrêtés locaux (régionaux, départementaux, municipaux… ), mais pas  à Paris. Cependant, étant entendu que l’introduction d’espèces végétales et animales étrangères est la seconde raison d’érosion de la biodiversité dans le monde, la Ville de Paris ne la produit, ne la commande, ne la plante plus.

S’il n’y a pas actuellement de disposition légale, interdisant de manière plus vigoureuse le commerce, échange, plantation, déplacement… de plantes invasives, leur culture vient en opposition évidente avec les mesures en faveur de la biodiversité régionale. Or il est généralement peu connu (donc souhaitable de faire connaître) une caractéristique peu connue de la Renouée du Japon et/ou ses hybrides : ses racines émettent des composés allélotoxiques (toxiques pour des plantes d’autres espèces) qui conduisent à la nécrose des racines des plantes venant à proximité, donc à leur mort (cf. http://www.cbnbl.org/IMG/pdf/Fiche_Fallopia.pdf). Concernant la faune associée, pour plus de 80 animaux associés à la plante dans son aire de répartition naturelle, où ils la régulent (et où elle n’est donc, par conséquent, bien entendu pas invasive !) on ne connaît, je crois, que 2 animaux quoi en veulent (mangent) dans nos régions.

A propos de l’avenir. On répond en général qu’elle ne risque pas de s’étendre, parce qu’elle ne produit pas de graines. En effet, l’espèce étant dioïque, et étant entendu qu’on n’aurait que le clone d’un sexe, les fleurs ne peuvent pas être fécondées donc donner de graines. Ce qui signifie quand même que toutes ces plantes que nous connaissons ne seraient issues que de multiplication végétative volontaire + involontaire… Or, d’autres espèces ont été importées, et notamment du sexe qui manquait. Et des hybrides auraient déjà été observés. Ce qui est une très TRES mauvaise nouvelle, compte tenu de la Loi de la Vigueur de l’Hybride.

Un dernier point : revenons au fondement : pourquoi la cultiver, au fait ?

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PLANTES INVASIVES : portrait robot

Posté par Paul-Robert TAKACS le 28 octobre 2012

la Berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum (APIACEAE) plante invasive (dessin Paul-Robert TAKACS)

la Berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum (APIACEAE) plante invasive (dessin Paul-Robert TAKACS)

Une espèce est qualifiée (par convention de vocabulaire) d’invasive quand elle est :

  • nécessairement exogène à la région considérée, autrement dit rapportée d’ailleurs, telles que la Renouée du Japon (Reynoutria japonica), la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), Phytolaque d’Amérique (Phytolacca americana)… Il vient de là que des plantes indigènes très présentes, à l’image du Liseron par exemple, ne peuvent être qualifiées que d’envahissantes ;
  • secondairement acclimatée (on pourrait dire plus généralement adaptée) à la région considérée ; des plantes originaires de régions biogéographiques trop différentes par différents aspects des non régions, ne pourront a priori jamais s’y comporter en invasives. Par exemple, du point de vue des zones de rusticité, des plantes originaires de régions plus chaudes que les nôtres, sont a priori mal parties pour se maintenir d’une année sur l’autre, à cause des rigueurs de nos hivers. Un contre-exemple connu est le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens), qui a trouvé un micro-climat suffisamment conforme à sa région d’origine (l’Afrique du Sud) sur nos ballasts pour pouvoir se maintenir le long du chemin de fer. Mais il faut imaginer, de manière concomitante, une acclimatation grâce à un jeu de mutations qui ont été sélectionnées dans nos régions au fur et à mesure de sa remontée ;
  • douée de facultés de reproduction végétative & sexuée très actives, d’où : d’une part, une capacité à couvrir rapidement un secteur et de débuter une forte compétition aux espèces indigènes, et d’autre part, une niveau de mutation / adaptation élevé ;
  • ayant, dans la région d’arrivée, un minimum d’antagonistes soit concurrents végétaux, herbivores, champignons, bactéries & virus pathogènes.

 

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PLANTES INVASIVES : DANGER ? > conférence-projection de Paul-Robert TAKACS le samedi 24 novembre 2012, à 14h

Posté par Paul-Robert TAKACS le 26 octobre 2012

Phytolaque d’Amérique, Renouée du Japon, Myriophylle du Brésil…

Souvent amenées par l’homme, de manière involontaire ou intentionnellement (pour l’agrément de ses jardins, ses industries…), des espèces végétales exogènes s’établissent dans nos écosystèmes.

Après des débuts timides, l’envahissement peut faire tache d’huile : les conséquences se multiplient et, parfois, s’aggravent. Pour l’homme, leur présence peut entraîner de graves difficultés, notamment économiques ou de santé. Pour l’environnement, en revanche, les plantes invasives sont désormais unanimement considérées comme la seconde source de perte de biodiversité, après la destruction volontaire des milieux.

Comment réagir ?

conférence de Paul-Robert TAKACS : PLANTES INVASIVES : QUE FAIRE ?

conférence de Paul-Robert TAKACS : PLANTES INVASIVES : QUE FAIRE ?

PLAN

INTRODUCTION

Quelques portraits de plantes invasives

Plantes invasives : quelles conséquences ?

Éliminer ou pas ?

Éliminer mais comment ?

CONCLUSION : portrait-robot d’une plante invasive

PERSPECTIVES

 

BIBLIOGRAPHIE

collectif, Plantes et animaux envahissants, Éd. Fayard, 2005

MULLER Serge, Les espèces végétales invasives en France : bilan des connaissances et propositions d’actions, in Rev. Écol. (Terre Vie), Suppl. 7, 2000

VITOUSEK P. M. et al., Introduced species : a significant component of human-caused global change in New Zeeland, Journal of Ecology n°21 : 1-16, 1997 

 

INFORMATIONS PRATIQUES

La conférence est donnée dans le cadre du Jardin Pluriel, association d’éducation à l’environnement.

lieu :

Maison du Citoyen et de la Vie associative

16, rue du Révérend-Père Lucien-Aubry

94120 Fontenay-sous-Bois

tarif :

  • adhérent du Jardin Pluriel : 6 euros
  • non adhérent : 8 euros

réservation obligatoire :

  • 06 14 24 89 39
  •  jardin.pluriel@laposte.net

L’association se réserve le droit d’annuler la conférence en cas de nombre insuffisant d’inscrits.

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